vendredi 22 février 2013

Musique de livre : Les trois Mousquetaires




Mieux vaut tard que jamais.
Il y a quelques années je me suis plongé pendant mes grandes vacances dans un livre que je devais être le seul à ne pas avoir lu :  "Les trois Mousquetaires" d'Alexande Dumas. 

Très inspiré par ce récit, j'ai eu envie de le mettre en musique.


J'ai écrit 17 titres.
- L'ouverture
- D'Artagnan sur son cheval jaune
- Dans les rue de Meung
- Chez M de Treville
- L'Epaule, Le Baudrier, le Mouchoir
- Buckingham et la Reine
- D'Artagnan file Constance
- Le Cardinal
- Rêveries de la Reine
- Le Galop des Mousquetaires
- Sa Majesté le Roi
- Le Ballet de Merlaison
- D'Artagnan aime Constance
- Milady de Winter
- L'approche
- Le Jugement
- L'execution

Certains morceaux évoquent le caractère d'un personnage ou illustrent une situation, mais je suis allez beaucoup plus loin dans le triptyque : 
L'approche - Le jugement - L'execution.

J'ai carrément écrit de la "musique de livre" comme on écrit de la musique de film, synchro avec le récit.

Concernant le chapitre : Le Jugement.
Je l'ai séparé en 2 morceaux.

- L'approche, qui est un thème d'une durée de 1'39, appartenant plus à la première catégorie décrite, c'est à dire plus l'illustration d'une situation.
Je vous ai coloré cette partie en marron.

 - Le Jugement

En voici le découpage :



Chapitre LXV
Le jugement

 
C'était une nuit orageuse et sombre, de gros nuages couraient au ciel, voilant la clarté des étoiles; la lune ne devait se lever qu'à minuit.
Parfois, à la lueur d'un éclair qui brillait à l'horizon, on apercevait la route qui se déroulait blanche et solitaire; puis, l'éclair éteint, tout rentrait dans l'obscurité.
A chaque instant, Athos invitait d'Artagnan, toujours à la tête de la petite troupe, à reprendre son rang qu'au bout d'un instant il abandonnait de nouveau; il n'avait qu'une pensée, c'était d'aller en avant, et il allait.
On traversa en silence le village de Festubert, où était resté le domestique blessé, puis on longea le bois de Richebourg; arrivés à Herlies, Planchet, qui dirigeait toujours la colonne, prit à gauche.
Plusieurs fois, Lord de Winter, soit Porthos, soit Aramis, avaient essayé d'adresser la parole à l'homme au manteau rouge; mais à chaque interrogation qui lui avait été faite, il s'était incliné sans répondre. Les voyageurs avaient alors compris qu'il y avait quelque raison pour que l'inconnu gardât le silence, et ils avaient cessé de lui adresser la parole.
D'ailleurs, l'orage grossissait, les éclairs se succédaient rapidement, le tonnerre commençait à gronder, et le vent, précurseur de l'ouragan, sifflait dans la plaine, agitant les plumes des cavaliers.
La cavalcade prit le grand trot.
Un peu au-delà de Fromelles, l'orage éclata; on déploya les manteaux; il restait encore trois lieues à faire : on les fit sous des torrents de pluie.
D'Artagnan avait ôté son feutre et n'avait pas mis son manteau; il trouvait plaisir à laisser ruisseler l'eau sur son front brûlant et sur son corps agité de frissons fiévreux.
Au moment où la petite troupe avait dépassé Goskal et allait arriver à la poste, un homme, abrité sous un arbre, se détacha du tronc avec lequel il était resté confondu dans l'obscurité, et s'avança jusqu'au milieu de la route, mettant son doigt sur ses lèvres.
Athos reconnut Grimaud.
«Qu'y a-t-il donc ? s'écria d'Artagnan, aurait-elle quitté Armentières ?»
Grimaud fit de sa tête un signe affirmatif. D'Artagnan grinça des dents.
«Silence, d'Artagnan ! dit Athos, c'est moi qui me suis chargé de tout, c'est donc à moi d'interroger Grimaud.
– Où est-elle ?» demanda Athos.
Grimaud étendit la main dans la direction de la Lys.
«Loin d'ici ?» demanda Athos.
Grimaud présenta à son maître son index plié.
«Seule ?» demanda Athos.
Grimaud fit signe que oui.
«Messieurs, dit Athos, elle est seule à une demi-lieue d'ici, dans la direction de la rivière.
– C'est bien, dit d'Artagnan, conduis-nous, Grimaud.»
Grimaud prit à travers champs, et servit de guide à la cavalcade.
Au bout de cinq cents pas à peu près, on trouva un ruisseau, que l'on traversa à gué.
A la lueur d'un éclair, on aperçut le village d'Erquinghem.
«Est-ce là ?» demanda d'Artagnan.
Grimaud secoua la tête en signe de négation.
«Silence donc !» dit Athos.
Et la troupe continua son chemin.
Un autre éclair brilla; Grimaud étendit le bras, et à la lueur bleuâtre du serpent de feu on distingua une petite maison isolée, au bord de la rivière, à cent pas d'un bac. Une fenêtre était éclairée.
«Nous y sommes», dit Athos.
En ce moment, un homme couché dans le fossé se leva, c'était Mousqueton; il montra du doigt la fenêtre éclairée.
«Elle est là, dit-il.
– Et Bazin ? demanda Athos.
– Tandis que je gardais la fenêtre, il gardait la porte.
– Bien, dit Athos, vous êtes tous de fidèles serviteurs.»Athos sauta à bas de son cheval, dont il remit la bride aux mains de Grimaud, et s'avança vers la fenêtre après avoir fait signe au reste de la troupe de tourner du côté de la porte.
La petite maison était entourée d'une haie vive, de deux ou trois pieds de haut. Athos franchit la haie, parvint jusqu'à la fenêtre privée de contrevents, mais dont les demi-rideaux étaient exactement tirés.
Il monta sur le rebord de pierre, afin que son oeil pût dépasser la hauteur des rideaux.
A la lueur d'une lampe, il vit une femme enveloppée d'une mante de couleur sombre, assise sur un escabeau, près d'un feu mourant : ses coudes étaient posés sur une mauvaise table, et elle appuyait sa tête dans ses deux mains blanches comme l'ivoire.
On ne pouvait distinguer son visage, mais un sourire sinistre passa sur les lèvres d'Athos, il n'y avait pas à s'y tromper; c'était bien celle qu'il cherchait. 

0'00
En ce moment un cheval hennit : Milady releva la tête, vit, collé à la vitre, le visage pâle d'Athos, et poussa un cri.
Athos comprit qu'il était reconnu, poussa la fenêtre du genou et de la main, la fenêtre céda, les carreaux se rompirent.
Et Athos, pareil au spectre de la vengeance, sauta dans la chambre. 

0'11''
Milady courut à la porte et l'ouvrit; plus pâle et plus menaçant encore qu'Athos, d'Artagnan était sur le seuil. 

Milady recula en poussant un cri. D'Artagnan, croyant qu'elle avait quelque moyen de fuir et craignant qu'elle ne leur échappât, tira un pistolet de sa ceinture; mais Athos leva la main.
«Remets cette arme à sa place, d'Artagnan, dit-il, il importe que cette femme soit jugée et non assassinée. Attends encore un instant, d'Artagnan, et tu seras satisfait. Entrez, Messieurs.» 

0'22''
D'Artagnan obéit, car Athos avait la voix solennelle et le geste puissant d'un juge envoyé par le Seigneur lui-même. Aussi, derrière d'Artagnan, entrèrent Porthos, Aramis, Lord de Winter et l'homme au manteau rouge.
Les quatre valets gardaient la porte et la fenêtre. 

0'40''
Milady était tombée sur sa chaise les mains étendues, comme pour conjurer cette terrible apparition; en apercevant son beau-frère, elle jeta un cri terrible.
«Que demandez-vous ? s'écria Milady.
– Nous demandons, dit Athos, Charlotte Backson, qui s'est appelée d'abord la comtesse de La Fère, puis Lady de Winter, baronne de Sheffield.
– C'est moi, c'est moi ! murmura-t-elle au comble de la terreur, que me voulez-vous ?
– Nous voulons vous juger selon vos crimes, dit Athos : vous serez libre de vous défendre, justifiez-vous si vous pouvez. Monsieur d'Artagnan, à vous d'accuser le premier.» 

 1'05''
D'Artagnan s'avança.
«Devant Dieu et devant les hommes, dit-il, j'accuse cette femme d'avoir empoisonné Constance Bonacieux, morte hier soir.»
Il se retourna vers Porthos et vers Aramis.
«Nous attestons», dirent d'un seul mouvement les deux mousquetaires.
D'Artagnan continua.
«Devant Dieu et devant les hommes, j'accuse cette femme d'avoir voulu m'empoisonner moi-même, dans du vin qu'elle m'avait envoyé de Villeroi, avec une fausse lettre, comme si le vin venait de mes amis; Dieu m'a sauvé; mais un homme est mort à ma place, qui s'appelait Brisemont.
– Nous attestons, dirent de la même voix Porthos et Aramis.
– Devant Dieu et devant les hommes, j'accuse cette femme de m'avoir poussé au meurtre du baron de Wardes; et, comme personne n'est là pour attester la vérité de cette accusation, je l'atteste, moi.
«J'ai dit.»
Et d'Artagnan passa de l'autre côté de la chambre avec Porthos et Aramis.
«A vous, Milord !» dit Athos.
Le baron s'approcha à son tour.
«Devant Dieu et devant les hommes, dit-il, j'accuse cette femme d'avoir fait assassiner le duc de Buckingham.
– Le duc de Buckingham assassiné ? s'écrièrent d'un seul cri tous les assistants.
– Oui, dit le baron, assassiné ! Sur la lettre d'avis que vous m'aviez écrite, j'avais fait arrêter cette femme, et je l'avais donnée en garde à un loyal serviteur; elle a corrompu cet homme, elle lui a mis le poignard dans la main, elle lui a fait tuer le duc, et dans ce moment peut-être Felton paie de sa tête le crime de cette furie.»
Un frémissement courut parmi les juges à la révélation de ces crimes encore inconnus.
«Ce n'est pas tout, reprit Lord de Winter; mon frère, qui vous avait faite son héritière, est mort en trois heures d'une étrange maladie qui laisse des taches livides sur tout le corps. Ma soeur, comment votre mari est-il mort ?
– Horreur ! s'écrièrent Porthos et Aramis.
– Assassin de Buckingham, assassin de Felton, assassin de mon frère, je demande justice contre vous, et je déclare que si on ne me la fait pas, je me la ferai.»
Et Lord de Winter alla se ranger près de d'Artagnan, laissant la place libre à un autre accusateur.
Milady laissa tomber son front dans ses deux mains et essaya de rappeler ses idées confondues par un vertige mortel.
«A mon tour, dit Athos, tremblant lui-même comme le lion tremble à l'aspect du serpent, à mon tour. J'épousai cette femme quand elle était jeune fille, je l'épousai malgré toute ma famille; je lui donnai mon bien, je lui donnai mon nom; et un jour je m'aperçus que cette femme était flétrie : cette femme était marquée d'une fleur de lys sur l'épaule gauche.
– Oh ! dit Milady en se levant, je défie de retrouver le tribunal qui a prononcé sur moi cette sentence infâme. Je défie de retrouver celui qui l'a exécutée.
– Silence, dit une voix.
– A ceci, c'est à moi de répondre !»
Et l'homme au manteau rouge s'approcha à son tour.
«Quel est cet homme, quel est cet homme ?» s'écria Milady suffoquée par la terreur et dont les cheveux se dénouèrent et se dressèrent sur sa tête livide comme s'ils eussent été vivants. 

 2'19''

Tous les yeux se tournèrent sur cet homme, car à tous, excepté à Athos, il était inconnu.
Encore Athos le regardait-il avec autant de stupéfaction que les autres, car il ignorait comment il pouvait se trouver mêlé en quelque chose à l'horrible drame qui se dénouait en ce moment.
Après s'être approché de Milady, d'un pas lent et solennel, de manière que la table seule le séparât d'elle, l'inconnu ôta son masque.
Milady regarda quelque temps avec une terreur croissante ce visage pâle encadré de cheveux et de favoris noirs, dont la seule expression était une impassibilité glacée, puis tout à coup :
«Oh ! non, non, dit-elle en se levant et en reculant jusqu'au mur; non, non, c'est une apparition infernale ! ce n'est pas lui ! A moi ! à moi !» s'écria-t-elle d'une voix rauque en se retournant vers la muraille, comme si elle eût pu s'y ouvrir un passage avec ses mains. 

 2'52''
«Mais qui êtes-vous donc ? s'écrièrent tous les témoins de cette scène.
– Demandez-le à cette femme, dit l'homme au manteau rouge, car vous voyez bien qu'elle m'a reconnu, elle.
– Le bourreau de Lille, le bourreau de Lille !» s'écria Milady en proie à une terreur insensée et se cramponnant des mains à la muraille pour ne pas tomber.
Tout le monde s'écarta, et l'homme au manteau rouge resta seul debout au milieu de la salle.
«Oh ! grâce ! grâce ! pardon !» s'écria la misérable en tombant à genoux.
L'inconnu laissa le silence se rétablir.
«Je vous le disais bien qu'elle m'avait reconnu ! reprit-il. Oui, je suis le bourreau de la ville de Lille, et voici mon histoire.»
Tous les yeux étaient fixés sur cet homme dont on attendait les paroles avec une avide anxiété.
«Cette jeune femme était autrefois une jeune fille aussi belle qu'elle est belle aujourd'hui. Elle était religieuse au couvent des bénédictines de Templemar. Un jeune prêtre au coeur simple et croyant desservait l'église de ce couvent; elle entreprit de le séduire et y réussit, elle eût séduit un saint.
«Leurs voeux à tous deux étaient sacrés, irrévocables; leur liaison ne pouvait durer longtemps sans les perdre tous deux. Elle obtint de lui qu'ils quitteraient le pays; mais pour quitter le pays, pour fuir ensemble, pour gagner une autre partie de la France, où ils pussent vivre tranquilles parce qu'ils seraient inconnus, il fallait de l'argent; ni l'un ni l'autre n'en avait. Le prêtre vola les vases sacrés, les vendit; mais comme ils s'apprêtaient à partir ensemble, ils furent arrêtés tous deux.
«Huit jours après, elle avait séduit le fils du geôlier et s'était sauvée. Le jeune prêtre fut condamné à dix ans de fers et à la flétrissure. J'étais le bourreau de la ville de Lille, comme dit cette femme. Je fus obligé de marquer le coupable, et le coupable, Messieurs, c'était mon frère !
«Je jurai alors que cette femme qui l'avait perdu, qui était plus que sa complice, puisqu'elle l'avait poussé au crime, partagerait au moins le châtiment. Je me doutai du lieu où elle était cachée, je la poursuivis, je l'atteignis, je la garrottai et lui imprimai la même flétrissure que j'avais imprimée à mon frère.
«Le lendemain de mon retour à Lille, mon frère parvint à s'échapper à son tour, on m'accusa de complicité, et l'on me condamna à rester en prison à sa place tant qu'il ne se serait pas constitué prisonnier. Mon pauvre frère ignorait ce jugement; il avait rejoint cette femme, ils avaient fui ensemble dans le Berry; et là, il avait obtenu une petite cure. Cette femme passait pour sa soeur.
«Le seigneur de la terre sur laquelle était située l'église du curé vit cette prétendue soeur et en devint amoureux, amoureux au point qu'il lui proposa de l'épouser. Alors elle quitta celui qu'elle avait perdu pour celui qu'elle devait perdre, et devint la comtesse de La Fère...»
Tous les yeux se tournèrent vers Athos, dont c'était le véritable nom, et qui fit signe de la tête que tout ce qu'avait dit le bourreau était vrai.
«Alors, reprit celui-ci, fou, désespéré, décidé à se débarrasser d'une existence à laquelle elle avait tout enlevé, honneur et bonheur, mon pauvre frère revint à Lille, et apprenant l'arrêt qui m'avait condamné à sa place, se constitua prisonnier et se pendit le même soir au soupirail de son cachot.
«Au reste, c'est une justice à leur rendre, ceux qui m'avaient condamné me tinrent parole. A peine l'identité du cadavre fut-elle constatée qu'on me rendit ma liberté. 

 4'22''

«Voilà le crime dont je l'accuse, voilà la cause pour laquelle je l'ai marquée.
– Monsieur d'Artagnan, dit Athos, quelle est la peine que vous réclamez contre cette femme ? 


 4'46''
– La peine de mort, répondit d'Artagnan.
– Milord de Winter, continua Athos, quelle est la peine que vous réclamez contre cette femme ?
– La peine de mort, reprit Lord de Winter.
– Messieurs Porthos et Aramis, reprit Athos, vous qui êtes ses juges, quelle est la peine que vous portez contre cette femme ?
– La peine de mort», répondirent d'une voix sourde les deux mousquetaires. 

Milady poussa un hurlement affreux, et fit quelques pas vers ses juges en se traînant sur ses genoux.
Athos étendit la main vers elle. 

 4'55''
 «Anne de Breuil, comtesse de La Fère, Milady de Winter, dit-il, vos crimes ont lassé les hommes sur la terre et Dieu dans le ciel. Si vous savez quelque prière, dites-la, car vous êtes condamnée et vous allez mourir.» 

 
5'06''
A ces paroles, qui ne lui laissaient aucun espoir, Milady se releva de toute sa hauteur et voulut parler, mais les forces lui manquèrent; elle sentit qu'une main puissante et implacable la saisissait par les cheveux et l'entraînait aussi irrévocablement que la fatalité entraîne l'homme : elle ne tenta donc pas même de faire résistance et sortit de la chaumière.
Lord de Winter, d'Artagnan, Athos, Porthos et Aramis sortirent derrière elle. Les valets suivirent leurs maîtres et la chambre resta solitaire avec sa fenêtre brisée, sa porte ouverte et sa lampe fumeuse qui brûlait tristement sur la table. 






Si vous souhaitez écouter l'ensemble voici le lien sur mon site :

samedi 9 février 2013

Connaissez vous les doubles fruits de Fruité ?



Double plaisir c'est fruité !  

 


En 1981 je suis parti 3 semaines aux Maldives avec Véro et Tommy 10 mois, grâce à l’argent des droits d’auteur que j’ai touché en composant la musique d’un spot publicitaire. Merci Fruité !!
Un jour mon ami d’enfance Philippe, qui était chef de produit chez Evian, se voit confier le budget de la boisson « Fruité ».

Fini  :  « On n'a pas le tempérament à boire du raplapla - Fruité c’est plus musclé »
Nouveau concept, Fruité Double Fruits : Pommes-cassis et Framboises-Raisins.
La conception est confiée à l’agence Havas.


Le réalisateur du film sera un français exilé aux Etats-Unis : Jean Marie Périer. (c’est fou !)


L’agence propose de mettre plusieurs compositeurs en concurrence.
Philippe me pistonne pour faire partie du ‘Casting’.
C’est ce qu’on appelle un demi-piston.
L’agence Havas qui n’avait jamais entendu parler de moi, a rapidement essayé de m’éliminer.
Mais Philippe  est emballé par ma version et lutte pour me maintenir la tête hors de l’eau.
Finalement, il copie toutes les différentes versions proposées par tous les compositeurs, sur une cassette et avec un lecteur portable, part faire une étude de marché dans tout l'immeuble de B.S.N (le Groupe Evian, Badoit, Fruité etc ..)
Des secrétaires au gardien du parking, Il leur a fait faire un blind-test.
William Sheller  a perdu, mais est devenu une star reconnue et prolifique.
Moi j’ai gagné mais je n’ai fait que ça !!!
Mais  je suis fier d’avoir gagné grâce à ma musique.




Autopsie d'un jingle publicitaire

Je vous propose de ne poursuivre la lecture de cet article que si vous êtes intéressé par la génèse de la création de cette musique. C’est un peu un voyage dans un laboratoire. C’est assez technique et d’une médiocre qualité sonore, mais personnellement, je trouve assez intéressant d’explorer le mécanisme de recherches et créations.
 
Au départ nous avions tous le même texte à mettre en musique sur 30’ : 

Connaissez-vous Double Fruits de Fruité
Double plaisir, c’est
Fruité  Framboise-Raisin
Double plaisir, c’est
Fruité  Pomme-Cassis
C’est la boisson que l’on sert
Aux enfants comme à leur père
On a plaisir à en boire
Le matin comme le soir.
Double plaisir, c’est Fruité  Framboise-Raisin
Double plaisir, c’est
Fruité  Pomme-Cassis
Double plaisir, double fruits
Double plaisir, c’est Fruité

J’ai donc cherché un thème musical de 30‘ pour accompagner ce très beau texte.

J’ai trouvé 5 mélodies de style volontairement très différent que j’ai proposées à l’agence Havas.
Voici les 4 premières.

A noter que dans la fin du thème 4 on voit naitre le pont du thème 5 qui sera retenu. : 

C’est la boisson que l’on sert.
Aux enfants comme à leur père
On a plaisir à en boire
Le matin comme le soir




Soudain j’ai trouvé un truc en désobéissant …
J’ai triché ! 

Pendant que les autres composaient sur ce texte,  je l’ai restructuré comme une chanson : Couplet +  Refrain

Connaissez-vous Double Fruits de Fruité ?

Fruité  Framboise-Raisin
Fruité  Pomme-Cassis
C’est la boisson que l’on sert
Aux enfants comme à leur père


Fruité  Framboise-Raisin
Fruité  Pomme-Cassis
On a plaisir à en boire
Le matin comme le soir.

Fruité  Framboise-Raisin
Fruité  Pomme-Cassis
Double plaisir, double fruits
Double plaisir, c’est Fruité

Voici la naissance du thème 5 qui deviendra le jingle choisi, suivi de ma maquette présentée.




Et c’est devenu un tube publicitaire, reconnu par toutes les agences mais malheureusement j’ai découvert que le marché de la musique de pub était verrouillé par les compositeurs de renom qui y arrondissaient leurs fins de mois entre deux musiques de films (Vladimir Cosma, Jean Claude Vannier etc). Bref, sans réseau, même avec un tube reconnu on ne peut pas pénétrer dans ce monde fermé de la publicité. Surtout sans fréquenter "les gens de la nuit" dans  les endroits branchés …

Pour l’anecdote la choriste est Liliane Davis qui entre-autres, a doublé Dominique Sanda dans le film de Jacques Demy : « Une chambre en Ville ».
Et le batteur était un certain Bernard Wantier dit Minet, qui est devenu quelques années plus tard le batteur de l’orchestre de Dorothée : ‘Les Musclés’. Il connut son heure de gloire en chantant les génériques de Goldorak et Bioman.


Un certain Michel Fugain se recyclant lui aussi dans la musique alimentaire, a enregistré une version au cours d'une séance qu'il faisait avec l'agence de pub, mais comme j'avais déjà rafflé tous les sous, il n'en restait plus assez pour lui.



Je voudrais juste terminer avec un clin d'oeil à André Torrent.
En 1973, je deviens l’assistant d’André Torrent, pour une émission hebdomadaire qu’il allait animer « Hit magazine spécial RTL. »  C’était une déclinaison radiophonique du magazine du même nom. Un genre «Salut les Copains» près de 10 ans plus tard.

Je m’installe face à lui. Nos deux bureaux sont face à face, l’un contre l’autre.
Je pose mon attaché-case devant moi. Je fais glisser le bouton de la serrure. Clic!
Je soulève le «couvercle» (la partie supérieure) et lorsqu’il atteint sa position finale, 90 degrés plus tard, j‘entends un clac! Il vient de percuter le vase qui était derrière. Celui-ci tombe sur nos bureaux et répand toute la flotte qu’il contenait, détrempant ainsi les déclarations d’impôts qu’André était en train de remplir.

- L’Angoisse ! s’écria –t- il 

C’était notre premier contact. 
C’est devenu mon surnom.

8 ans plus tard, il anime un faux jeu publicitaire dans lequel il propose à un auditeur de deviner si le jingle Fruité va se terminer en Jazz ou en disco ...
Il ne saura jamais jusqu'a aujourd'hui que le compositeur n'était autre que "l'Angoisse"

Je vous propose de terminer cette "saga Fruité" par l'illustration de ce jeu et par quelques versions que j'ai arrangées pour cette occasion.
Encore  bravo à Liliane pour l'énorme talent dont elle fait preuve dans cet exercice de style.