samedi 27 avril 2013

MICHEL DRUCKER - RTL C’EST VOUS ! - (1ere Partie) LA VALISE RTL



Avant mon départ en vacances, Roger Kreicher me présente Michel Drucker, qui vient d’enregistrer une maquette pour une nouvelle émission prévue pour la rentrée et me demande d’en faire le montage. Il s’agissait de  l’interview d’une vendeuse de chaussures. L’idée était : la star, c’est vous, monsieur et madame tout le monde !
Le concept s’affine pendant mon absence et en septembre je suis enrôlé dans l’équipe de «RTL c’est vous ! »
Une grosse équipe est mobilisée pour cette émission derrière l’animateur vedette.
En plus du réalisateur en studio, entouré de l’équipe technique habituelle, Michel dispose d’une liaison spéciale via oreillette avec un deuxième réalisateur !
Il évolue depuis une voiture-studio avec un chauffeur et un technicien.
Enfin d’autres techniciens attendent Michel depuis des points fixes disséminés dans Paris.
Ca, c’est pour le direct.
En amont, un rédacteur en chef, Pierre Laforêt, dirige une équipe de cinq assistants, dont je fais partie, chargés de pré-interviewer les invités «surprises»  de Michel.

Le principe de l’émission est le suivant :
Michel Drucker sillonne en voiture les rues de Paris, dans un premier temps, puis plus tard en province lors d’émissions spéciales, et s’arrête de façon impromptue pour interviewer des gens pittoresques qu’il croise.
Evidemment, pour que ce soit pittoresque et intéressant, il faut une équipe (nous) pour chasser et débusquer les oiseaux rares que Michel va rencontrer par hasard !
On en a déniché ! Mais rapidement on s’est rendu compte que l’on ne pourrait pas faire deux heures d’émission tous les jours avec cette formule.
Alors on a commencé à aller chez des personnalités qui habitaient sur l’itinéraire improvisé de Michel. Ainsi on panachait les gens de la rue et les célébrités. D’où l’important travail de pré-interviews que nous devions faire pour remplir les «fameuses petites fiches de Michel. »
J’ai découvert un Michel Drucker que l’on ne soupçonne pas. Quelqu’un qui, malgré sa déjà longue carrière, était extrêmement anxieux et nerveux. Je peux lui avouer maintenant : « Michel si tu m’entends, pardonne-moi ! » Son surnom  était «Branche moi !» En effet, lorsqu’on arrivait sur un point fixe, par exemple l’appartement d’un artiste, Michel annonçait depuis sa voiture  : 

 - Après ce disque nous nous retrouverons en compagnie de Untel, chez lui !

Aussitôt, on lui débranchait le fil de son micro raccordé à la console du studio-voiture et il sortait comme une tornade avec son micro prolongé par son fil qui pendait dans le vide et courrait jusqu’au premier  technicien rencontré sur le point fixe, pour se faire raccorder : « Branche-moi ! » C’était pour lui un grand moment de panique. Mais le surnom lui vient du jour où, le technicien ne l’attendait pas sur le trottoir, mais dans l’ascenseur de l’immeuble de l’invité. Et Michel en s’engouffrant dans la cabine a tendu son bout de fil au technicien en l'implorant : « Branche-moi, branche-moi »

Il y a eu plus tard, une autre anecdote à propos de Michel dans un ascenseur. C’était un vieux modèle hydraulique, avec la cabine en bois munie de deux portes battantes, qui montait au travers d’une cage grillagée.
Comme d’habitude, Michel arrive en courant, avec son micro à la main prolongé de son fil qui pend et sa crainte d’arriver trop tard au point de branchement. Alors que la cabine de l'ascenseur progresse à une vitesse trop lente à son  goût, il piétine en lâchant :
- Plus vite l’ascenseur, plus vite !

Comme les points de chute sont devenus de plus en plus éloignés les uns des autres et que les embouteillages l'empêchaient de les atteindre à temps,nous avons rajouté des personnalités que Michel prenait au passage, et qui l’accompagnaient un bout de chemin. Puis, enfin, pour permettre à Michel de faire Auteuil-Bastille à 18h en moins de deux heures, on a fini par pré-enregistrer certaines interventions que l’on glissait pendant l’émission. 
Enfin, Daniel Prévost est venu soutenir Michel dans son animation.
Voilà comment évolue un concept. C’est la différence entre une idée sur le papier et son exécution.

Pour fidéliser les auditeurs, RTL adapte un concept américain :  La valise.

Plusieurs fois, au cours de l’émission, à des moments aléatoires, Michel appelle en direct un numéro de téléphone pris au hasard dans l’annuaire. Pendant la sonnerie, il rappelle la somme contenue dans la valise RTL, à laquelle il rajoute une nouvelle somme. Si la personne qui répond avant la troisième sonnerie est capable de répéter cette somme, elle la gagne. Nous récompensons ainsi la fidélité de l'auditeur. Dans le cas contraire la somme reste dans l’escarcelle pour le prochain appel.
Mais c’est encore Jean-Marie Bigard qui en parle le mieux dans son sketch, qui n’en est pas un !

vendredi 19 avril 2013

Auto bilan




Je viens de retrouver le discours que j'avais écrit pour célébrer les 50 ans de ma tendre et chère épouse, voici quelques années déjà ...


50 ans !
19 ans sans moi.
(Sous les bras)

31 avec moi
Sur les bras.

50 ans.
Remarquez, c’est pas vieux 50 ans.

Pour un arbre !
Pour une tortue !
Pour un homme !

Mais…

pour une voiture ?
50 ans ça nous mène où ?

Ca nous mène o pause …




Même si vous avez misé au départ sur un beau châssis, avec une belle carrosserie, de beaux pare-chocs et des air bags 

 … à partir d’un certain kilométrage faut changer toutes les pièces.


L’éternel problème bien connu de tous les conducteurs est : 
Doit-on faire des réparations ou la larguer d’occase et en racheter une plus jeune ?
Et première main de préférence !

Si vous avez acheté une voiture pour faire de la course, alors c’est pas la peine.
Je le dit tout net : c’est mort ou presque.


En revanche, si vous avez acheté une voiture pour faire des courses, alors là, la question reste posée. 



Regardez, la mienne par exemple, grâce à l‘expérience, bénéfice de son âge, elle fait les courses toute seule, sans moi.
Et ça c’est appréciable. Surtout qu’on dépense beaucoup moins que lorsque je l’accompagne.

Vous voyez le choix initial reste fondamental.
Surtout avec les progrès scientifiques phénoménaux.

Toutes les pièces se changent ou se retapent, et si vous débouchez bien les gicleurs, elle peut souffler les bougies pendant très longtemps.
Parfois trop longtemps. Et si vous vous êtes trompé de modèle vous pouvez toujours ronger son frein … c’est pour la vie.
Attention plus le temps passe et plus vous aurez de mal à la refourguer.

Il faut être sûr que les pièces que vous devrez changer les unes après les autres ne vous coûtent pas plus cher qu’un crédit pour une neuve, qui de toute façon se revendra, alors que la vieille sera bonne pour la casse.

A moins de tomber sur un collectionneur. Mais là, méfiance, il y en a de tout poil et même des qui ne collectionnent pas forcément des vieux modèles.

Néanmoins si vous êtes content d’elle, l’autre avantage avec une voiture ancienne, est qu’elle n’intéresse que des beaucoup plus vieux que vous, car ils la trouvent encore très jeune par rapport à la date de leur permis de conduire.
En plus, dans la plupart des cas,  ils n’ont même plus l’âge de conduire.

Bon, vous en êtes à l’auto-bilan. Que décidez-vous ?

On vient d’étudier le cas où vous êtes relativement content de votre modèle et que vous choisissez de la retaper et de la garder.
Voyons maintenant la deuxième solution qui consiste à s’en débarrasser à tout prix et à en racheter une autre

Ce n’est intéressant que si vous avez bien réussi dans la vie et que vous avez plus de moyens que lorsque vous étiez étudiant.
Quand on est jeune, le manque d’argent combiné au manque d’expérience de la conduite peut nous faire acheter n’importe quoi.
C’est un peu la loterie.
On s’en aperçoit tôt ou tard.
Et encore, je ne parle même pas de ceux de ma génération, qui ont commencé avec une d’occasion, car là, quelques soient les avancés de la technologie, elle doit être morte depuis longtemps.
Vous constaterez qu’un homme de 50 ans, riche et moche, peut s’acheter une plus belle voiture qu’un homme de 20 ans, pauvre et moche.
Lorsqu’on s’achète une voiture de rêve, le problème est qu’elle ne fait pas rêver que nous.
On peut nous la piquer !
Certains même n’hésitent pas à faire quelques tours avec elle, à l’insu de notre plein gré, alors que c’est nous qui l’entretenons.
Parfois elle peut revenir avec un coup dans l’aile
Mais ça peut être beaucoup plus grave :
Quand par exemple, vous ne la prenez qu’avec la capote et qu’elle vous réapparaît un peu déformée, boursouflée,  un peu en cloque…

Un truc pour s’apercevoir si elle vient d’être utilisée :
Vous rentrez dedans et si elle sent encore le caoutchouc  brûlé …
Parfois on constate même des traces de pneus.

Ah ! j’allais oublier, il faut éviter aussi les modèles munis d’un ordinateur de bord, GPS et reconnaissance vocale :
C’est l’enfer assuré. C’est du pousse-au-crime. Elle n’arrête pas de parler.

-          T’as mis ta ceinture ?

-          Tu roules trop vite ?

-          Ca y est, vl’a les flics, j’t’avais dit que tu roulais trop vite !

-          Il va falloir encore raquer ! Tu trouves qu’on a trop de sous. Moi j’ai rien demandé.

-          Si tu vas en taule, on s’ra bien avancé.

-          T’as fini de mater tous les culs qui passent. En plus tu devrais avoir honte, elle pourrait être ta fille.

-          T’as presque plus d’essence ?

-          Et arrête de te mettre les doigts dans le nez, c’est ignoble. Et j’ai honte. Les gens nous regardent et ils se disent « T’as vu la princesse avec le porc qui s’fout les doigts dans le pif ». Ah c’est classe !

-          Tu vas tomber en panne d’essence.

-          Pourquoi t’es passé par là. C’est bourré de monde.

-          Ca y est. T’es en panne.   J’te l’avais bien dit. Maintenant tu te démerdes.
Moi je t’attends et toi tu fais du stop.

Attention avertissement aux jeunes conducteurs :
Dès que vous sentez qu’elle vous échappe, il ne faut pas en changer.
Un peu de persévérance. Il faut d’abord se demander si ce n’est pas vous qui faites des erreurs de conduite
 Il faut de l’apprentissage pour juger de la qualité d’une bonne voiture.

Un autre jour nous traiterons des sujets suivants :

Peut-on posséder plusieurs voitures  à la fois ?
Votre femme peut elle posséder une voiture ?
Pouvez-vous prêter votre voiture à un copain ?


Je peux déjà répondre tout de suite à cette dernière  :
C’est beaucoup moins fréquent que l’inverse.

C’est à dire que si vous êtes discret, vous pouvez toujours essayer de lui emprunter à son insu mais gare aux accidents. Ils peuvent être mortels.
Cela dit, quand je réponds que l’emprunter discrètement est plus fréquent que l’inverse, c’est très présomptueux. Il peut être aussi discret que vous.

Mais enfin, il est rare que deux personnes aient aussi mauvais goût en même temps.

Bon je vous laisse faire votre auto-bilan. Pour ce qui me concerne,  même si la mienne a pas mal de kilomètres au compteur, on les a fait presque tous ensemble.

Quand je regarde dans le rétroviseur, je ne vois même pas le point de départ tellement on a avancé.  Et sur toutes sortes de chemins : des chemins de traverses, des divergeant, des convergeant, des montagneux, des campagnards, des autoroutiers. Tout ça dans pas mal de pays.



A présent nous ne formons qu’un et on tient la route.
Je veux aller jusqu’au bout du monde avec elle.
Je l’aime ma Véro d’Amour et d’Eau fraîche.


vendredi 12 avril 2013

OPERATION DRAGON



Depuis un an je travaille sur une émission hebdomadaire présentée par André Torrent : « Hit magazine spécial RTL» dont j’ai déjà parlé dans le chapitre I.
Je suis un radio-reporter au service des «variétés».
Je suis en permanence sur le terrain, interviewant tous les chanteurs de l’époque pour diverses rubriques de l’émission.
Je suis d’ailleurs à l’origine des deux d’entre elles :
Le  tube de souvenirs   :
On a tous une chanson qui est rattachée à un événement particulier de notre vie,  (ou l’inverse) c’est ce que je fais raconter, chaque semaine, à un chanteur différent. Cela nous permet de programmer cet ancien «tube» derrière.
L’autre rubrique n’a pas de nom. J’emmène chaque semaine un chanteur avec moi au cinéma, et il me fait la critique du film à la sortie de la salle.
C’est-y pas sympa comme métier ?
Je garde un très bon souvenir de la projection du film de Claude Lelouch :  « La bonne année » que j’ai vu au cinéma Le Normandie, sur les Champs-Elysées, en compagnie de mon invité de luxe Michel Delpech.
Mais j’ai fait plus spectaculaire.
Le magazine papier du même nom que l’émission décide faire monter un «coup» avec un jeune chanteur «à minette» d’origine corse : Don Marcantoni, dont le hobby est la cascade. Plus personne ne se souvient de cet artiste, même pas moi. Il a dû faire un disque et a disparu aussi vite qu’il était apparu mais au moins ce chanteur cascadeur n’a pas dû se faire mal en tombant du haut de sa pile d’invendus !
Ils veulent le photographier pendant qu’il exécute une cascade.  RTL produisant la déclinaison radio de ce journal, m’envoie sur place pour commenter l’événement.
Don Marcantoni va monter sur l’aile d’un avion en plein ciel.
Me voici donc foulant le gazon de l’aéroclub de La Ferté Allais, en Seine-et-Marne.
Mon Nagra et moi sommes les premiers sur les lieux. Je suis en train d’admirer un énorme quadri hélices, qui devait être un ancien avion de ligne.  Je continue ma promenade et retrouve Jacques Dubourg, un sympathique parachutiste, qui a déjà travaillé sur des opérations spéciales avec RTL, en train de plier sa toile. Nous bavardons quelques minutes et sommes rejoints par un petit groupe formé d’un photographe, d’un journaliste, d’un pilote, d’un producteur et du fameux chanteur-cascadeur. Nous retournons dans l’enceinte de l’aéroclub boire un café. Don Marcantoni se met torse nu et son producteur lui chauffe les muscles du torse en le massant avec un baume.
Nous sommes tous prêts et repartons sur le terrain. Après avoir dépassé le gros avion,  nous découvrons un vieux coucou en toile très marrant. C’est un biplan sur trois roues. Deux sous le ventre et une sous la queue. Cette position l’oblige à avoir toujours le nez en l’air. C’est amusant.


Je demande à Jacques Dubourg à quelle heure arrive notre avion et il me répond :
JD – Mais c’est celui-là !
Et Il me montre le coucou ?
Moi -  Quoi ?? !! – Ca vole  ça ?
JD  (en riant)  - Mais évidemment : Et bien, même. C’est un Dragon de 1933 !
Moi – Mais pourquoi vous êtes le seul à avoir un parachute ?
Nous montons dans l’appareil.
Jacques Dubourg prend place à côté du pilote. Je m’assoie au milieu de l’appareil sur un banc situé le long de la carlingue.
Nous sommes perpendiculaires au pilote. La fesse tribord plus haute que celle de babord. On doit se tenir au banc pour ne pas glisser jusque dans la queue de l’appareil.
Don Marcantoni et son producteur s’asseyent de part de d’autre de moi.
Le photographe et le journaliste s’installent sur l’autre banc, face à nous.
Le pilote fait signe à une personne extérieure de lancer l’hélice. Et c’est parti, pour le meilleur et pour le pire. Je commence mon reportage. Je décris l’intérieur du «Shaker» en hurlant dans mon micro pour couvrir le vacarme. Ca y est,  miracle,  on décolle.
Arrivé à l’altitude prévue, le pilote stabilise l’assiette de l’avion et Don Marcantoni enfile un parachute. Il est vêtu d’une veste de Jean, sur un col roulé jaune et d’un pantalon en jean également. Le pilote nous donne le feu vert. Jacques Dubourg ouvre la porte située en face de moi. Il aide le chanteur à descendre sur l’aile. Le photographe se rapproche et commence à shooter.
A présent, Don Marcantoni se tient à la barre  qui relie les deux ailes du biplan. Il a les genoux pliés comme un skieur.

Moi (dans mon micro) – Et voilà, Don Marcantoni, grâce à la force de ses bras, lutte contre la résistance qui l’oppose à l’air que nous traversons à plus de 180 km/heure. C’est fantastique !
La cascade terminée, nous retournons gentiment tous nous asseoir et il est grand temps car l’avion commence à traverser des turbulences. Je lance une boutade à  la cantonade pour faire rire la galerie, mais en vérité j’essaie de masquer la trouille qui commence à m’envahir !
J’ai l’estomac qui remonte dans chaque trou d’air, de plus en plus rapproché. Et toujours ce bruit inquiétant de carlingue qui semble se déglinguer. Je sens la nausée monter. Je dois avoir changé de couleur parce que Jacques Dubourg, l’air goguenard,  me crie
JD – Alors, c’est fini le reportage ? On t’entend plus ?
A peine a-t-il fini sa phrase que je me lève d’un bond, et debout, la tête penchée dans l’encadrement de la fenêtre restée ouverte,  je renvoie tout mon quatre heures. Mes lunettes sont aspirées et disparaissent dans le cosmos, alors Jacques me retient inextrémis par la ceinture de mon pantalon.
JD – Malheureux, il ne faut jamais se pencher par la fenêtre et être dans le sens perpendiculaire du vol. Tu provoques un appel d’air.
Au moment de me rasseoir à ma place, je croise le cascadeur qui, précipitamment, vient lui aussi me remplacer à la fenêtre, pour la même chose.
Nous sommes les deux seuls malades de l’équipe.
Le coucou bat de plus en plus de l’aile et le pilote nous annonce qu’il va se poser rapidement sur l’aéroclub qu’il a en point de mire, car l’avion a un petit problème technique, sans gravité !
Le Dragon pose enfin ses roulettes sur la terre ferme.
Finalement le pilote négocie avec La Ferté Allais, pour qu’ils nous envoient un autre avion pour nous rapatrier. Ce sera  un avion plus petit et il nous ramènera en deux fois, mais nous nous en sortirons sains et saufs !

La radio, quel métier dangereux !