jeudi 30 mai 2013

UN PETIT CON COURT

Cette semaine je vous propose un peu d'interactivité.
J'organise un petit concours autour de "Musiquicide", une chanson que j'ai écrite l'an passé et dont le texte est un véritable catalogue de jeux de mots sur les noms des musiciens célèbres, digne de l'almanach Vermot.

Je vous invite à m'envoyer par email marc@mandelnet.com le nombre de musiciens cités que vous aurez déniché dans cette chanson. J'en publierai le texte la semaine prochaine.

Je vous préviens la victoire sera difficile, car je compte parmi mes lecteurs mon cousin Alain qui tient la rubrique hebdomadaire de cinéma dans Paris-Match. 
Si vous le lisez vous comprendrez ce que je veux dire ...
Bonne chance à vous
 

vendredi 24 mai 2013

MICHEL DRUCKER - RTL C'EST VOUS ! ( 3ème et dernière partie) - Poitiers


Suite à l’excellent accueil que Lyon réserva à RTL, la Direction décide de refaire ponctuellement des opérations spéciales dans d’autres villes de France et de continuer ainsi à décentraliser son antenne. Cela apporte de la sympathie pour la station, de la part des gens de la région visitée et par delà une augmentation de l’auditoire.
Après Lyon et Bordeaux, on attaque des villes plus petites et me voilà en repérage à Poitiers pendant une semaine pour les émissions quotidiennes prévues la semaine d’après. Arrivé dans ma chambre d’hôtel, je prends l’annuaire téléphonique et j’essaye de trouver quelque chose qui pourrait me donner une idée. Dans les pages jaunes je m’interroge sur les rubriques « Académie d’accordéon », « Détectives privés » etc. Le lendemain je questionne les commerçants pour savoir s’ils ne connaîtraient pas quelqu’un de marrant ou de farfelu. Et c’est comme cela que je fais la connaissance d’un facteur qui a installé un monorail à son plafond. Celui-ci fait le tour du salon à grande vitesse dès que l’on appuie sur l’interrupteur mural. Mais ce qui circule sur le rail n’est pas un train, c’est un moulin à café. C’est très radiophonique ! 





La veille de l’émission, le réalisateur me demande d’aller dans le grand Hôpital de Poitiers et d’y repérer un malade sympathique que Michel pourra réconforter en lui apportant quelques chocolats. Je prends contact avec le directeur de l’Hôpital et nous nous rencontrons pour organiser cette visite prestigieuse. Cet homme très courtois est fier de me faire faire le tour complet de son domaine. Au fur et à mesure que nous progressons dans les couloirs, les infirmières s’écartent sur notre passage et murmurent un « Bonsoir Monsieur le Directeur, Bonsoir Monsieur le Directeur » Nous entrons dans la chambre de quelques malades afin que je puisse faire mon casting. Je les salue d’un air très professionnel, très détendu, alors que je suis au bord de tomber dans les pommes. L’odeur, la vue, l’ambiance sont très impressionnantes. Finalement, sans conteste, un des patients se détache réellement des autres et je fixe mon choix sur lui. Le Directeur me félicite et m’avoue qu’il aurait fait de même. Avant de partir, je lui avoue que je serais très intéressé de visiter un bloc opératoire. C’est vrai après tout, lorsque vous êtes dans un avion, vous aimeriez aussi visiter le cockpit. Il n’y voit aucun inconvénient. « It’s good to be the king » chanterait Mel Brooks. Et nous voilà traversant un long couloir, toujours salués par une haie formée par le personnel hospitalier «Bonsoir, Monsieur le Directeur» Il pousse une porte et soudain la lumière change. Des néons très puissants éclairent ce couloir et une odeur très forte de produits d’asepsie m’envahit les narines. Je suis très impressionné. Nous passons une porte vitrée et nous nous trouvons à présent dans la pièce où sont installés les lavabos sur lesquels les chirurgiens se lavent longuement les mains avant d’enfiler leurs gants. Nous avançons encore un peu, les murs sont décorés de dessins obscènes, comme la légende nous les décrit. Et là, devant moi sous un rai de lumière intense, cinq paires d’yeux, issus d’une sorte de meurtrière formée entre la calotte et le masque, me transpercent comme des rayons laser. 



Nous esquissons un mouvement de recul. Cette bonne idée est confirmée par les gestes d’encouragement que nous prodigue l’équipe chirurgicale que nous avons surpris en « pleine réunion secrète» Alors que nous rebroussons chemin, je m’étonne auprès du directeur qu’il n’y ait pas de porte entre les lavabos et le bloc opératoire. Il m’indique qu’il y a bien une porte, mais qu’elle était ouverte car, à cette heure-ci il n’y a plus personne dans cette zone. Il me précise que l’asepsie est surtout draconienne pour les opérations orthopédiques. 




Il est déjà vingt heures. Il me propose de me raccompagner à mon hôtel qui se trouve sur son chemin. Il doit rentrer chez lui chercher son épouse pour l’emmener à un dîner chez des notables. Alors que nous arrivons devant l’entrée de mon hôtel, je le remercie vivement de son accueil. Au moment de quitter sa voiture, je lui demande de quoi souffre le malade que l’on a choisi. Sa réponse claque : « De la prostate.» En un quart de seconde raisonnent dans ma tête les recommandations du réalisateur, que j’avais totalement occultées, pris par l’émotion : « Surtout prends un jeune, les vieux ont des problèmes de dents donc adieu les chocolats et des problèmes de prostates, c’est triste ! » Ce Monsieur vient de me consacrer deux heures, il vient de me raccompagner à mon hôtel, il est plus de vingt heures et en plus, il a un dîner en ville ! Que faire ? Je prends mon courage à deux mains et je lui explique franchement la situation. Il me propose que nous allions d’abord chez lui chercher sa épouse. Ce que nous faisons avant de retourner à l’hôpital. Nous la laissons un moment dans la voiture, le temps pour nous de retraverser tous les couloirs, croisant tous les gens qui renouvellent leurs « Bonsoir Monsieur le Directeur », puis nous revisitons des malades. Le bon choix fait, il me raccompagne de nouveau à mon hôtel. Ce Monsieur a droit au paradis

dimanche 19 mai 2013

AU NOM DE LA LOI


Si je vous cite pêle –mêle 
"Bullitt", "La grande évasion", "L’affaire Thomas Crown", Papillon, "La tour infernale", "Le kid de Cincinnati", "Les 7 mercenaires", "La cannonière du Yang Tsé", vous pensez immédiatement à cette star planétaire, cet acteur mythique légendaire : Steve McQueen. 



Mais en 1958, lorsqu'il passe un casting pour incarner Josh Randall, un solitaire chasseur de prime, pour ma série télévisée "Wanted dead or alive", il est parfaitement inconnu.
94 épisodes plus tard, Hollywwod vient le chercher pour tourner dans "Les 7 mercenaires". Ce sera le début d'une ascension vers les étoiles.

Mais revenons à cette série qui débarque au printemps 1963 en France, sous le nom de « Au nom de la loi » et qui est diffusée sur la seule chaine Française : la R.T.F., à 20h30 tous les samedis. La production émet l’idée de doter la vedette de cette série d’une arme distinctive, afin de la différencier des séries télé concurrentes. Steve, chasseur durant ses temps libres et étant propriétaire d’une importante collection d’armes, se propose de se charger de cette recherche.




Il modifie la configuration d’une winchester 1892 de calibre 44/40 en sciant une partie du canon et de la crosse, afin de pouvoir porter à la ceinture, une arme d’une puissance de feu supérieure aux colts habituellement utilisés par les cowboys de cette époque. Surtout qu’à travers certains recoupements on peut estimer que l’action se déroule entre 1867 et 1877. Donc la Winchester 1892, comme son nom l’indique, n’existait pas encore et cet anachronisme lui donne un avantage certain !





Hollywood, qui n’est pas à une erreur près, lui garnit son holster de cartouches 45/70  bien plus photogéniques que celles du calibre 44/40 accepté par cette arme…
 
En hommage à certaines surnommées « Hot leg », armes  qui ont permis la conquête de l’ouest , il baptise la sienne « Mare’s laig », patte de jument (avec une faute d’orthographe volontaire).

Trois  modèles sont utilisés pendant ces 3 années de tournage, on peut les différencier facilement en observant le levier sous la crosse. 

  

Sa taille lui permet de tirer et de réarmer à une seule main, en la faisant tournoyer, contrairement à la boucle initiale d’une winchester qui oblige à utiliser ses deux mains.
Vous trouverez tous les détails sur cette série, dans l’excellent ouvrage que lui consacre Didier Liardet.

Bien plus tard, Sergio Leone dans « il était une fois dans l’Ouest », rendra hommage à cette série, en faisant porter une imitation de cette arme à un cowboy dans la 1ère scène du film.

Quel n’est pas le cinquantenaire qui n’a jamais rêvé de tenir dans ses mains cette fameuse mare’s laig.


Je me souviens encore à quel point j’ai envié le chanteur Gilbert Bécaud qui a acheté en 1964, lors d’une vente aux enchères au profit d’une oeuvre de charité organisée par le journal Télé 7 jours, cette arme mythique que Steve McQueen a offert lors de sa venue à Paris.




Alors que les séries mythiques existent depuis déjà longtemps, sous toutes les formes de diffusions possibles : vhs dvd  etc, « Au nom de la loi » ne sort pour la première fois qu’en 2004  dans son intégralité. Les 94 épisodes sont disponibles dans 3 coffrets  de 8 dvd chacun.

Dès l’annonce de cet événement, anticipant l’astronomique prix de vente, je me mets à surfer sur le net pour essayer de le trouver moins cher aux Etats-Unis. Et c’est ainsi que, par hasard, je tombe sur le site d’un « fou  furieux », Robert Lanthier, qui propose des répliques de cette arme mythique.


Robert Lanthier


Ce passionné d’armes  fabrique des maquettes d’avions de la première guerre, à l’échelle 1/6. Il se lance avec le même amour de la précision, dans la reproduction de la winchester de Josh Randall. Il propose sur son site, les modèles de deux époques avec les leviers correspondants pour environ 3 000 $. Ce sont de véritables armes, dont l’achat n’est permis que dans certains états  américains.
En France le canon scié de cette winchester la fait entrer dans les armes de 1ère catégorie : armes de guerre, interdites à la vente.
Il propose également une réplique entièrement factice pour la modique somme de 950 $.

Est-ce bien raisonnable d’acheter pour ce prix là, une sorte de bout de bois amélioré ? La réponse est évidemment : Non !!!!

Mais c’est sans compter sur le travail du sub-conscient. On ne peut rien faire contre un fantasme qui remonte à l’enfance. Aucun argument logique ne peut empêcher ce genre de pulsion.


Aussi je décide me faire ce cadeau avec lequel je me serais tellement éclaté quand j’avais l’âge de jouer à Josh Randall, il y a 50 ans, alors que je ne possédais qu’une réplique en plastique qui tirait des fléchettes.






Mais, c’est une dépense que j’espère amortir car je ne pense pas être le seul « taureau » à ne pas avoir envie de foncer sur cette   « muleta » rouge.
Aussitôt je contacte Robert Lanthier et j’obtiens de sa part un contrat d’importation exclusive pour l’Europe entière. J’espère avec les bénéfices de mes ventes, récupérer mon irraisonnable dépense.



Marc Randall

Aussitôt je créé un site internet : www.mareslaig.com et je mets en vente cet unique objet du désir.
Mais une grande aventure commence.
Tout d’abord je dois trouver un numéro de nomenclature qui m’autorise à importer ce joujou. Imaginez la tête des douaniers en découvrant au scanner, le contenu de mon colis … 
Ensuite je dois décider d’un prix de vente acceptable pour mes clients potentiels.
Robert Lanthier me considère, non comme une entreprise, mais comme un particulier.
Il ne m’octroit, ni remise particulière, ni prix pour une plus grande quantité,  ni délai prioritaire. Il prend les commandes dans l’ordre dans lequel il les reçoit, et je passe bien souvent après des commandes de clients américains lamda.  Donc les délais de livraison sont d’environ 3 à 4 semaines, payables à la commande, plus les frais de change et de transfert des fonds, ainsi que les frais pris par Sa banque pour le transfert. On rajoute la T.V.A, Fedex pour la remise du colis et du transport aérien, et  UPS pour la livraison chez mon client.
Bref,  je la mets en vente à 1 300 €, je fais un bénéfice de 50€ par vente  et j’en vends 5 dans l’année !
Impossible de financer une quelconque campagne publicitaire.
Bref, une entreprise philanthropique ! 
En fait, je ne fais ça que pour contenter d’autres grands enfants comme moi.
Mes clients sont prévenus : ils payent à la commande et doivent patienter un mois avec l’angoisse de se faire arnaquer par un site internet qui peut fermer du jour au lendemain, sans crier gare.
Dans ce prix, Robert lanthier fournit également le hoslter et les cartouches.


Deux ans plus tard, Denix, une firme Espagnole spécialisée dans les répliques d’armes en tous genres (catana, fusils, revolvers, arbalètes, canons  etc) se lance dans la reproduction de cette mare’s laig  invendable car ils oublient simplement l’anneau qui permet de l’accrocher au ceinturon . A mon initiative, ils acceptent de refaire leur moule et de modifier ainsi leur produit. Le touchant aux alentours de 40 € ht, je peux le mettre en vente à 80 ttc et espérer en vendre beaucoup plus. 

Certes, elle est un peu moins bien imitée que celle fabriquée par Robert Lanthier, mais pas quinze fois moins, comme pourrait le laisser croire son petit prix.






Mais je ne mise pas trop sur cet article qui est vendu par plusieurs autres sites internet, mais sur le holster que je suis le seul à proposer. Récupérant ainsi, les clients des sites concurrents qui leur ont fourni cette réplique.
Ayant en ma possession la parfaite reproduction de ce holster fabriqué par Robert Lanthier, je pars à la recherche d’un bourrolier qui pourrait reproduire ce ceinturon à partir de mon exemplaire. Le premier écueil est ce petit crochet qui sert justement à y fixer cette mare’s laig.
Je cherche une usine qui pourrait me fabriquer cette petite pièce en petite quantité. Impossible. Mais le patron de l’une d’elles me parle d’un génial bottier qui tient une cordonnerie à Houdan et qui fait des miracles. Il pourrait sûrement me faire le holster complet. Nous nous heurtons à des problèmes de matière première, mais restons en contact. Je touche mon bonheur avec un artisan perdu dans un petit village d’Eure et Loir, qui trouve même un fabricant de grosse boucle. Le résultat est parfait, tant au niveau de la fidélité de la reproduction, qu’en matière de qualité. Du coup, je suis actuellement l’un des seuls à proposer ce holster.
 

Il ne me reste plus qu’à acheter chez un armurier de Flers, en Normandie, des douilles vides de Winchester 45/70 et des ogives en plomb, que je fais vider et monter sur les douilles par le cordonnier d’Houdan, lui-même chasseur. Il me fait ça gratuitement par sympathie.

Comme il sait que je compose de la musique, Il me demande en échange de lui écrire des sonneries de chasse qu’il pourra jouer, à la trompe de chasse, avec ses compagnons. Je lui en ai composé 6 !



Ne vous privez pas de les écouter si comme lui, vous passez vos journées à travailler avec ce genre de musique en bruit de fond






J'ai même trouvé un chapelier à Honfleur qui me fabrique le chapeau !!



J’ai quand même le don de me compliquer la vie. Mais je ne m’ennuie jamais !

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jeudi 9 mai 2013

MICHEL DRUCKER - RTL C’EST VOUS ! - (2 ème Partie) ZITRONE / ANQUETIL



Un jour, pour des raisons politiques de décentralisation, RTL décide de faire toutes les émissions pendant une semaine, depuis Lyon. Il faut rappeler que la mode avait été lancée par Valéry Giscard D’Estaing qui présidait parfois son Conseil des Ministres en Province pour la revaloriser.

Evidemment, je poursuis mes recherches de personnages pittoresques au pays de Paul Bocuse, que je ne manque pas d’aller pré-interviewer pour qu’il nous parle de sa collection légendaire de limonaires. 



Nous restons à l’affût du moindre événement «pittoresque»,  jour et nuit.
Aussi un soir, en me promenant, je découvre sur les bords de la Saône un petit pub, style club anglais, «Eddie et Domino». Eddie le patron est la classe personnifiée. Vous êtes seul à son bar, vous semblez vous ennuyer, il vous propose un poker menteur aux dés.
Vous revenez le lendemain en compagnie d’une jeune femme, il reste en retrait.
Vous revenez le surlendemain en compagnie d’une autre jeune femme, il fait comme s’il ne vous connaissait pas.
La particularité de cet endroit est la collection d’Eddie. Il possède plus de trois cents whiskies différents. Il serait ravi d’initier Michel  à l’art de la dégustation. Le pauvre ignore que Michel ne boit que de l’eau !
Ce n’est pas grave. Pour l’heure, je commence mon repérage. Je suis en "mission" : je l’interroge sur sa collection et sur la façon dont on doit déguster ces alcools précieux.  Il pose devant moi deux verres. Un grand et large, bref un verre à whisky, et un petit genre verre à porto. Et il m’explique.
Le grand c’est pour l’eau. La Volvic est celle qui se rapproche le plus de celle de l ‘Ecosse. L’eau sert à se désaltérer et à se rincer la bouche entre les différentes dégustations. Le whisky se boit dans un petit verre.
Goûtez celui-là me dit-il,  c’est « blinded » de 9 ans d’âge. Laissez-le quelques secondes sur votre langue avant de l’avaler.
Vous l’avez bien en bouche. Prenez un peu d’eau et goûtez à présent celui-ci, c’est un single Malt de 15 ans d’âge.  Vous voyez la différence ? Bon, on continue … »
Au bout de deux heures, lorsque je descends du tabouret, je crois m’enfoncer dans la neige !
J’ai pris la plus belle cuite de ma vie. Je ne me rappelle plus comment j’ai rejoint ma chambre d’hôtel, mais je n’étais pas frais le lendemain à la réunion de rédaction.
Par ailleurs, Lyon vient d’inaugurer une piste de ski artificielle. Aussi nous la faisons dévaler en direct à Michel, en compagnie de l’ex-Championne du Monde, la française Ingrid Lafforgue.

De retour à Paris, je gamberge pour trouver des idées un peu originales.
En voici une dont je suis assez fier !
Je propose au rédacteur en chef de faire éteindre un incendie par Michel avec les pompiers, en direct, et de préférence en haut de la grande échelle. L’idée est accueillie par tout le monde avec enthousiasme.
En fait, mes idées sont plutôt télégéniques, mais l’émotion passe bien à travers le micro. J’organise l’opération avec la caserne de la porte de Champerret. Les pompiers de cette caserne ont à présent pour mission de trouver un endroit sûr pour y mettre le feu sans danger, pendant que je me bats avec l’administration pour obtenir les autorisations. C’est amusant de transformer des pompiers en pyromanes. Après plus de quinze jours de tractations officielles, nous obtenons le feu vert.  (si j’ose parler ainsi)
Leur choix se porte sur une maison abandonnée dans un terrain vague quelque part à Belleville.
Michel est dans la caserne. L’alerte retentit !  Nous sautons dans le camion pompe et : « PIN PON, PIN PON » nous voilà partis.   Nous réussissons l’exploit de parcourir porte de Champerret - Belleville pendant la durée d’une chanson !
Michel saute du camion, monte avec un pompier sur la grande échelle et on commence à la déployer. Il commente son ascension en direct. Quarante mètres plus haut, Michel conclut le reportage, mais mauvaise nouvelle pour lui, il doit tout redescendre à pied, à cause des tuyaux que l’on doit rembobiner en premier et il n’a pas le temps d’attendre.

Je propose deux autres idées : 

1/ Faire l’interview de Léon Zitrone, Monsieur Tiercé à la télévision, à cheval.
2/ Interviewer Raymond Poulidor à vélo, sur la piste en plein air sur laquelle se termine jusqu’en 1974, le tour de France : la Cipale de Vincennes.

Poulidor n’étant pas libre, nous prenons Jacques Anquetil. (moins populaire mais bien plus prestigieux à mes yeux).

Zitrone refuse la proposition car il a peur des chevaux !

Michel propose alors de faire une pierre deux coups et de mettre Zitrone aussi sur un vélo, à la Cipale.

Ah ! Si Michel acceptait de coucher sur papier toutes les anecdotes qu’il nous raconte sur le "gros" Léon, il ferait un best–seller !

Et ce n’est pas fini !

Moi je n’en connais que deux (mais bientôt trois)

En voici une. Léon klaxonnait dans sa voiture garée devant RTL. Quelqu’un qui stationnait en double file le bloquait.
Quand le type est arrivé et s’est excusé, Zitrone s’est écrié :
« Monsieur, dorénavant je ne vous compterai plus parmi mes auditeurs ! »

La deuxième : alors qu’il était pressé et qu’il sortait des Galeries Lafayette avec ses emplettes de Noël, une dame le désignant du doigt dit à son petit garçon : « Regarde : C’est Léon Zitrone ! ».  Léon répondit :
-         Madame, je suis pressé ! Je vous interdis de me reconnaître !

Moi j’ai assisté à une scène haut en couleur :
Un petit matin, Léon Zitrone présente le journal. Il fait un chapeau (introduction pour lancer un sujet), fait signe au technicien de lancer le magnéto, puis s’enfourne une énorme bouchée de sandwich au saucisson. Manque de bol, vingt secondes plus tard la bande se casse et le technicien rouvre en catastrophe le micro. Il recrache aussitôt dans sa main  tout ce qui pourrait ruiner sa diction légendaire. Il lance le reportage suivant, et remet dans la bouche le contenu de sa main !
Heureusement, ce n’était pas le journal télévisé !

Pour en revenir à l’émission «RTL c’est vous !», je contacte donc Léon Zitrone de la part de Michel.
Au téléphone déjà, il est impressionnant.
Je vais le chercher en taxi, chez lui, place Clichy.
Léon Zitrone au Taxi – Vous passez par où Monsieur ?
Le taxi – Bah! tout droit jusqu’à…
LZ – NON MONSIEUR ! Vous prenez la troisième à gauche. J’étais taxi pendant la guerre. Ensuite vous prendrez la troisième à droite.
J’essaye de détendre l’atmosphère. Je lui pose timidement une question sur Eddy Merckx.
LZ – COMMENT ? s’exclame-t-il, comme si j’avais dit une horreur, alors qu’il n’avait simplement pas entendu la question.
Je me répète un peu plus fort, avec encore moins d’assurance. Il fait très peur. Je me dis qu’il doit parler avec le ventre tellement sa voix est puissante.
Soudain il me déclare qu’il est hors de question qu’il monte sur un vélo. Je lui fais part de ma surprise, pensant qu’il avait accepté le concept. Il me dit de ne pas m’inquiéter.
Enfin nous arrivons à la Cipale.
Jacques Anquetil est en train d’extraire son vélo du coffre de sa voiture.
Ils ont l’air heureux de se revoir.
Puis arrive le représentant de la marque de cycle qui va prêter les vélos pour Drucker et Zitrone.
Nous sommes bientôt rejoints par quelques autres personnes, et nous pénétrons dans l’enceinte du vélodrome. J’imagine que Jacques Anquetil, quintuple vainqueur du Tour de France,  doit intérieurement encore entendre la foule l’acclamer.  A présent Jacques enfourche son vélo. Léon essaye de l’imiter. Le représentant de cycles passe derrière lui et essaye de le pousser. Clic-Clac ! Un photographe immortalise la scène, et c’est le drame !
Zitrone rentre dans une colère noire et descend de son vélo en hurlant.
- Si je vois cette photo publiée dans un journal, avec la photo de Monsieur et son tee-shirt publicitaire derrière en train de me pousser, je vous colle un procès !

A ce moment le klaxon italien 3 tons de la voiture RTL retentit. Je demande à Léon de m’attendre ici une minute, le temps pour moi d’aller chercher Michel.
Quelques instants plus tard, nous revenons, Michel et moi, et voyons un attroupement dans le virage de gauche. Léon n’est plus sur le gazon central. Je me renseigne auprès d’une personne que nous croisons. Il serait au centre de l’attroupement !
Je cours vers la foule et trouve Léon assis par terre.
Moi – Que se passe-t-il ?
Lui – oooooh, ooooooh, je me suis cassé le pouce
Moi  - ??????

 La Cipale est une piste ovale, constituée de deux lignes droites opposées raccordées par deux grands virages relevés. Certains vélodromes conservent sur la totalité du périmètre intérieur de leur piste, une petite partie étroite et plate. Evidemment, elle n’a d’intérêt que dans les virages relevés car elle permet à un cycliste de faire tranquillement le tour complet sur du plat, évitant ainsi de monter dans les virages. Cette petite bande de roulement s’appelle la côte d’azur.
(voir la partie bleue sur la photo ci-dessous)

 

Mais à cette époque, la Cipale n’avait pas de côte d’azur !
 
Léon a voulu faire un tour tout seul pour s’entraîner. En arrivant dans le virage relevé, il ne roulait pas assez vite. Aussi, par manque de force centrifuge, a-t-il confirmé la théorie de Newton. Il s’est écrasé au bas du virage.

Michel et Anquetil arrivent en courant, vélos et micros en main.
Michel – Léon faut y aller !
Zitrone, malgré son pouce qui a doublé de volume, enfourche sa machine et les voilà partis tous les trois, pour cette séquence de cinq minutes de direct.






A peine l’intervention est-elle terminée que Michel part en courant, me laissant sur les bras le grand blessé.
Je soutiens Léon jusqu’au cabanon du soigneur de la Cipale. Le grand sorcier qui a massé tant de champions commence à faire pénétrer lentement le baume dans le pouce  du grand journaliste. Lorsque le kiné lui déplace légèrement l’articulation, Léon pousse un cri tellement énorme que dans cet endroit si exiguë, (imaginez une cabine de plage en bois) ses rugissements de bête blessée ne vont pas tarder à avoir raison de mon self contrôle. Je suis au bord de l'hilarité. Je me mords les lèvres.

Je ramène finalement Léon chez lui.
Au moment de quitter le taxi il me dit :
« J’espère qu’ils sont bien assurés à RTL, car ça va leur coûter très cher ! »