Hubert c’est un monument historique d’Europe 1. Le premier animateur à n’être connu que par son prénom.
Mais c’est bien plus que cela. C’est l’un des pionniers de la
liberté radiophonique. Il a animé les soirées sur «Europe N°1» au début des
années 60.
Il est l’un des premiers animateurs à tutoyer à l’antenne.
Les idoles sont vraiment ses copains.
C’est l’ancêtre de Laurent Boyer.
Mais bien plus qu'un animateur de radio, Hubert était, ce qu'on appelle à présent, un Jet-setteur.
C’est l’ancêtre de Laurent Boyer.
Mais bien plus qu'un animateur de radio, Hubert était, ce qu'on appelle à présent, un Jet-setteur.
Il y avait en France deux émissions phares pour les teenagers, et elles étaient sur Europe 1. « Salut les Copains » avec Daniel Filipacchi et « Dans le vent » avec Hubert.
C'est un garçon raffiné et plein d'humour, mais c'est surtout une VOIX.
Quel timbre !
Quelle sensualité !
Quand j’avais douze ou treize ans, je l’écoutais en cachette. Il était plus de 22h et j’étais censé dormir car je devais me lever le lendemain à 7h pour aller en classe. J’avais planqué sous mon lit un transistor muni d’une oreillette, et j’écoutais Hubert, dans l’obscurité. J'étais loin d'imaginer que 8 ans plus tard je réaliserais une de ses émissions.
Quand j’avais douze ou treize ans, je l’écoutais en cachette. Il était plus de 22h et j’étais censé dormir car je devais me lever le lendemain à 7h pour aller en classe. J’avais planqué sous mon lit un transistor muni d’une oreillette, et j’écoutais Hubert, dans l’obscurité. J'étais loin d'imaginer que 8 ans plus tard je réaliserais une de ses émissions.
En effet, après des années d’absence, il avait fait depuis quelques
mois son grand retour à Europe 1. Michel Brillié, le responsable des
programmes de cette tranche horaire, me demande de réaliser son émission ce
soir-là.
J’ai souvent entendu de jeunes joueurs de tennis
raconter l’étrange impression qu’ils ont
eu le jour où ils ont dû affronter un champion, presque à la retraite, qu’ils
regardaient avec admiration à la télé lorsqu’ils étaient enfant. C’est
exactement ce qu’il était en train de m’arriver.
Le contact est assez froid.
Moi, à peine plus de vingt ans, plutôt mince, peut-être
encore un peu de duvet sous le nez, vêtu d’un jean, classe : Tiers Etat.
Lui, près de la quarantaine, visage un peu marqué par les
soirées mondaines alcoolisées, mocassins blancs sans chaussettes, pantalon
blanc, chemise ouverte laissant apparaître une chaîne en or et début de brioche, classe : la
Noblesse».
C’est une star, mais surtout un vrai professionnel. Il
connaît la musique et possède une véritable science des enchaînements musicaux.
Il n’a que faire des petits réalisateurs qu’il voit défiler depuis ses quinze
ans de radio. Et il a raison !
Il me le fait d’ailleurs comprendre tout de suite en
s’adressant directement au technicien :
- T’envoie la musique à mon signe !
Puis s’adressant à moi :
- Toi, le réalisateur, tu me mets une musique hindoue sous
ma voix et t’envoies d’abord un jingle Europe 1 lent à mon signe !
Bref c’est lui qui réalise, c’est nous qui exécutons ses
ordres et pourtant le lendemain,
c’est moi qui me ferait exécuter !
Hubert commence à prendre des initiatives quant à la
diffusion des chansons. En un mot, il refait le programme et l’on ne respecte
pas du tout celui qui était prévu.
Le chef d’antenne se pointe à nouveau et me menace. Je
m’abrite derrière l’autorité d’Hubert. Mais il me rétorque que c’est moi le
réalisateur et que je dois me faire respecter.
« Tu parles Charles ! »
Mais, je n’en suis qu’aux hors d’œuvres, et déjà Maître
Hubert me sert le plat de résistance.
Hubert - Allez, je m’emmerde ce soir, mets moi un slow
langoureux, je vais draguer un peu !
Il faut comprendre que nous sommes en 1975 et que nous
n’avons pas encore connu la libération sexuelle radiophonique. Aussi, les
jeunes lecteurs ne peuvent pas mesurer l’impact de ce qui va suivre. Tout comme
on a du mal à comprendre l’impertinence d’un Jacques Martin ou d’un Jean Yanne sous la Présidence de « De Gaulle », quand on a été biberonné à «Coluche»
Et là on retrouve tout ce que je disais au début sur Hubert,
notamment à propos de son besoin de liberté totale et de l’arme absolue que
représente sa voix.
Je mets donc un slow et il ouvre son micro.
« Mademoiselle, si vous êtes seule et que vous vous
ennuyez, appelez-moi »
Le premier coup de fil est
plutôt bon enfant. C’est un tour
de chauffe. Il demande à la fille de lui acheter une bouteille de whisky et de
venir la lui apporter au studio.
Mais c’est à cause du deuxième que je me retrouve au garde à
vous, le lendemain chez le directeur des programmes.
H – Bonsoir Mademoiselle, vous appelez d’où ?
Elle – De Suisse.
H – Vous êtes seule ?
Elle - Oui.
H – Que faisiez-vous, juste avant que l’on se parle ?
Elle – Je vous écoutais, couchée sur un tapis en poil de
chèvre.
H – Comment êtes vous ?
Elle – Je suis brune, grande avec des yeux noirs.
H – Comment êtes-vous habillée ?
Elle – Avec une chemisette et un jean.
H – Et dessous ?
Elle – Rien.
H – Déshabillez-vous.
Elle - ??
H – Allez !
Elle – Ca y est.
H – Vous êtes nue ?
Elle – Oui.
H – Etes-vous belle ?
Elle – On me dit pas mal.
H – Mais vous, vous trouvez–vous jolie ?
Elle – Ca dépend des jours.
H – Vous avez un petit ami ?
Elle – Oui.
H – Comment s’appelle-t-il ?
Elle - Daniel.
H – C’est bien avec lui ?
Là, nouvelle irruption dans la cabine du chef d’antenne. Il
s’adresse à moi :
« Bon, ça suffit ! Tu trouves pas que vous avez
largement dépassé les bornes ? »
H – C’est bien avec lui ?
Elle - Ah, ah !
Oui, pas mal.
H – Vous vous souvenez de la première fois ?
Le technicien est écroulé de rire sous la console.
Elle – Oui
H – Ca vous a fait mal ?
Elle – Assez.
Nous sommes un samedi soir.
Il est minuit et demie.
Lundi après midi je suis donc au garde à vous dans le bureau
de mon chef Michel Brillié.
Evidemment je suis seul. Hubert n’est pas à mes côtés sur le
banc des accusés.
Brillié n’a aucun poids contre Hubert et il le sait,
alors il se venge sur moi. Il me fait le même reproche que le chef d’antenne
samedi. Je devais ne pas me laisser impressionner par l’autorité que semble
exercer Hubert, alors que lui non plus, n’ose pas l’affronter. J’aurais dû
couper la communication et passer un disque.
Même si je passe un sale quart d’heure, je reste persuadé
que beaucoup ont passé, samedi dernier, une bonne soirée à notre écoute !
La semaine suivante, je vais voir Hubert, et
diplomatiquement, lui expose la situation dans laquelle il m’a mis. Et il me
répond :
- T’inquiète Coco, je fais ce que je veux et j’en prends la
responsabilité ! .
Ben me voilà rassuré !
Le technicien arrive et ne trouve pas plus intelligent que
d’en remettre une couche :
- On s’est bien marrés l’autre soir, on
recommence ?
Hubert (en souriant)
– On verra !
Je suis très tendu et j’angoisse pendant toute l’émission.
Mais il n’a pas bougé d’une oreille. Soit il a oublié, soit il a eu pitié de
moi.
Ce fût ma dernière émission avec Hubert.
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