vendredi 25 octobre 2013

Chanson mystère

Bonjour à tous,

Cette semaine je vais faire appel à votre culture musicale.

Merci de me faire part sur          marc@mandelnet.com
ce qu'évoque pour vous le morceau mystère ci-dessous  ...








vendredi 18 octobre 2013

Réveil en musette



En fait, on m’a enlevé Hubert le samedi soir car on m’a demandé d’assurer le dimanche matin de 6h30 à 9h30.
Présenté par le journaliste André Dumas, l’émission est composée de petites rubriques diverses et variées, toutes pré-enregistrées, que je dois diffuser à des heures précises entre les pubs et les disques. Nous avons  : Nicolas qui nous parle de jardinage, Mme Soleil de l’horoscope,  Albert Simon de ses prévisions météo, Ben de chevaux avec ses « préférés» pour les courses de toute la journée,  Fernand Choisel de sport, et même André Dumas lui-même à propos de bancs d’essais automobiles.
C’est, à part l’horaire pour moi qui ne suis pas du tout du matin, une émission très agréable à réaliser. L’ambiance du matin est sympa et à cette heure-ci la maison est calme. 

Un mois plus tard, on me rajoute une demi-heure supplémentaire, mais pas celle qui vient après ma tranche horaire, non, l’autre : celle qui me fait commencer à 5’58 du matin, avec l’indicatif  d’ouverture de la station !!
Je sens tout de suite que je vais être très performant à ces heures-là !
Puis on enchaîne  directement sur les infos de 6h, à la suite de quoi, nous avons pour nous permettre de nous réveiller de bonne humeur, une demi-heure de Musette, grâce à l’émission du célèbre accordéoniste, plusieurs fois millionnaire du disque André Verchuren.  Mais lui écume les bals le samedi soir dans toute la France profonde et l’heure de diffusion de son émission est probablement celle à laquelle il se couche.

 

Je l’enregistre donc une fois par semaine et fais le montage de la bande, en plaçant entre chaque annonce et chaque désannonce des morceaux des plages d’amorce blanche nous permettant d’envoyer le disque en direct.

Cela donne ceci :

Indicatif. 

Magnéto :
- Chers amis, Bonjour ! C’est André Verchuren qui vous parle,  et vous réveille en musique.  On commence tout de suite avec un classique : Perles de cristal.

Et hop!  on arrête le magnéto et on envoie la platine n° 1 sur laquelle est repéré Perle de cristal. 

Pendant ce temps, je fais dérouler la bande jusqu’à la fin de l’amorce blanche pour récupérer dès la fin du morceau :
« C‘était Perle de cristal, et maintenant je vous propose une petite ballade à Bicyclette.»

Et ainsi de suite.

Ca c’est la théorie.

Maintenant la pratique  :
Je mets les disques dans l’ordre sur les platines de 1 à 3.
En mode pré-écoute, je pose le bras sur la platine, dès que le morceau commence je stoppe le plateau et le fais tourner d’un poil à contre sens pour que le diamant soit bien sur le début.  Un peu comme le font les DJ pour le scratch, dans les boites de nuit. Ensuite, j’arme la platine pour permettre au technicien de la démarrer depuis sa console.

Oui mais voilà, à cette heure-ci, j’ai parfois des bogues (oui, je sais, il n’y a pas qu’à cette heure-ci) et j’oublie d’armer une platine.

Le résultat donne:

A Verchuren  -  C’était A Paris et voici celle qu’on ne présente plus : la plus bath des javas .
Le technicien envoie la platine 1.
Rien ne se passe.
Surpris, il oublie d’arrêter le magnéto.
Moi je comprends le problème,  je me jette sur la platine pour l’armer et je lui crie « OK ! »
A l’antenne, on entend les 10 secondes de blanc correspondant au passage de l’amorce de la même couleur, qui continue de défiler sur le magnéto toujours en service.

Puis :
- C’était la plus bath des Javas et on continue avec El Bimbo.

Pendant ce temps, le technicien qui a réagi à mon «OK » et envoie la platine 1 : La plus bath des javas ! (C’est très clair pour moi. Si vous n’avez pas tout compris relisez le doucement !)


En plus du chef d’antenne, je commençais à me faire une sérieuse réputation auprès des techniciens !

Mais je peux toujours faire plus fort.

Le dimanche suivant, je suis en plein sommeil,  bien au chaud dans mon lit, lorsque mon subconscient entend sonner le clocher de l’église d’Auteuil, à côté de laquelle j’habite. J’ai un subconscient très fort en maths. Il compte six coups et me réveille en trombe.
« Merde ! »   Il est  6 heures du matin. Je devrais être entrain d’enlever la cassette de l’indicatif d’ouverture de la station et faire signe au journaliste de commencer les infos.
J’enfile à la hâte mes fringues de la veille qui sont encore par terre et je descends quatre à quatre mes deux étages. Je monte dans ma voiture et démarre à la Starsky et Hutch.  Je prends la voie sur berge à fond la caisse. Pendant que j’écoute les infos d’André Dumas sur mon autoradio, je gamberge : La bande de l’émission de Verchuren est dans mon placard, dont personne n’a la clé !
Je quitte les berges et j’enquille  le sous-terrain de l’Alma avec ma R5, à la même vitesse que la célèbre Mercedes de M. Henri Paul, quelques années plus tard, mais dans l’autre sens.
Arrivé à l’Alma, pour rejoindre au plus vite la rue François 1er où sont situés les studios d’Europe 1, je prends l’avenue Montaigne, à fond, en contre sens, dans la file des bus. (Mais dans le même sens que les bus)
J’y serais dans deux minutes.
Trop tard !  Les infos sont terminées.
Après l’écran pubs, j’entends Maryse :
«  Eh bien Bonjour à tous, André Verchuren est grippé et regrette de ne pas pouvoir être avec nous ce matin. Néanmoins, il nous a laissé la pile de disques qu’il souhaitait vous faire écouter. On commence tout de suite avec :  Ah ! le petit vin blanc .. »
J’arrive et il est 6h13. Mais ce n’est pas cet exploit que l’on retiendra.
Si Verchuren est resté silencieux ce dimanche matin, cela n’a pas été le cas de mon chef  le lundi.

Je me suis défendu comme j’ai pu.
Moi - « Je ne suis pas le premier à avoir une panne d’oreiller »
Lui – « Oui mais tu es le premier à dormir avec la clé du placard ! »

vendredi 11 octobre 2013

Il faut aider les jeunes qui débutent



Un samedi, on me présente un tout jeune débutant à qui on a confié un essai, en direct, le jour même en fin d’après midi.

L’émission commence et je sens qu’il est très mal. Sa voix tremblote, le ton n’y est pas du tout. C’est une vraie catastrophe. Je pense néanmoins qui faut lui laisser le temps de se chauffer et cela va probablement s’améliorer au fur et à mesure que l’émission avance.

Je suis penché sur le micro d’ordre, qui nous permet de communiquer à travers la vitre et je le conseille.

Moi - Patrick, quand tu parles, regarde-moi. Adresse-toi à moi. Le secret de la radio,  c’est ça. Il ne faut pas s’adresser au public, mais à une seule personne.

Patrick – Ok, merci du tuyau, je vais essayer !


A peine semble-t-il reprendre un poil de confiance qu’une furie fait irruption dans la cabine : Michèle Abraham, une programmatrice.

Elle se penche sur le micro d’ordre et lui lance : 

Elle – Putain, je suis dans mon bureau et j’écoute l’ émission en travaillant, et je voulais voir la gueule qu’avait ce mauvais ! 


Et elle repart aussi vite qu’elle est entrée !



Patrick (décomposé)  - Mais qui est-ce  ? 

Moi – Une conne, t’inquiète pas ! 



On peut dire qu’elle,  au moins, l’a mis en confiance !



Lui au fait, c’est Patrick comment ?

C’est Patrick Sabatier.


MERCI HUBERT !




Hubert c’est un monument historique d’Europe 1. Le premier animateur à n’être connu que par son prénom.
Mais c’est bien plus que cela. C’est l’un des pionniers de la liberté radiophonique. Il a animé les soirées sur «Europe N°1» au début des années 60. 
Il est l’un des premiers animateurs à tutoyer à l’antenne. Les idoles sont vraiment ses copains. 
C’est l’ancêtre de Laurent Boyer. 
Mais bien plus qu'un animateur de radio, Hubert était, ce qu'on appelle à présent, un Jet-setteur.

Il  y avait en France deux émissions phares pour les teenagers, et elles étaient sur Europe 1.  « Salut les  Copains » avec Daniel Filipacchi et « Dans le vent » avec Hubert.
C'est un garçon raffiné et plein d'humour, mais c'est surtout une VOIX.
Quel timbre !  Quelle sensualité ! 
  
Quand j’avais douze ou treize ans, je l’écoutais en cachette. Il était plus de 22h et j’étais censé dormir car je devais me lever le lendemain à 7h pour aller en classe. J’avais planqué sous mon lit un transistor muni d’une oreillette, et j’écoutais Hubert, dans l’obscurité. J'étais loin d'imaginer que 8 ans plus tard je réaliserais une de ses émissions.

En effet, après des années d’absence, il avait fait depuis quelques mois son grand retour à Europe 1. Michel Brillié, le responsable des programmes de cette tranche horaire, me demande de réaliser son émission ce soir-là.
J’ai souvent entendu de jeunes joueurs de tennis raconter l’étrange impression qu’ils ont eu le jour où ils ont dû affronter un champion, presque à la retraite, qu’ils regardaient avec admiration à la télé lorsqu’ils étaient enfant. C’est exactement ce qu’il était en train de m’arriver.
Le contact est assez froid. 

Nous ne sommes pas du même monde.
Moi, à peine plus de vingt ans, plutôt mince, peut-être encore un peu de duvet sous le nez, vêtu d’un jean, classe : Tiers Etat.

Lui, près de la quarantaine, visage un peu marqué par les soirées mondaines alcoolisées, mocassins blancs sans chaussettes, pantalon blanc, chemise ouverte laissant apparaître une chaîne en or et début de brioche, classe : la Noblesse». 
C’est une star, mais surtout un vrai professionnel. Il connaît la musique et possède une véritable science des enchaînements musicaux. Il n’a que faire des petits réalisateurs qu’il voit défiler depuis ses quinze ans de radio. Et il a raison ! 
Il me le fait d’ailleurs comprendre tout de suite en s’adressant directement au technicien  : 
- T’envoie la musique à mon signe !

Puis s’adressant à moi :
- Toi, le réalisateur, tu me mets une musique hindoue sous ma voix et t’envoies d’abord un jingle Europe 1 lent à mon signe !
Bref c’est lui qui réalise, c’est nous qui exécutons ses ordres et pourtant le lendemain, c’est moi qui me ferait exécuter !

Hubert commence à prendre des initiatives quant à la diffusion des chansons. En un mot, il refait le programme et l’on ne respecte pas du tout celui qui était prévu.
Le chef d’antenne se pointe à nouveau et me menace. Je m’abrite derrière l’autorité d’Hubert. Mais il me rétorque que c’est moi le réalisateur et que je dois me faire respecter.
« Tu parles Charles ! »

Mais, je n’en suis qu’aux hors d’œuvres, et déjà Maître Hubert me sert le plat de résistance.
Hubert - Allez, je m’emmerde ce soir, mets moi un slow langoureux, je vais draguer un peu ! 
Il faut comprendre que nous sommes en 1975 et que nous n’avons pas encore connu la libération sexuelle radiophonique. Aussi, les jeunes lecteurs ne peuvent pas mesurer l’impact de ce qui va suivre. Tout comme on a du mal à comprendre l’impertinence d’un Jacques Martin ou d’un Jean Yanne sous la Présidence de « De Gaulle »,  quand on a été biberonné à «Coluche»

Et là on retrouve tout ce que je disais au début sur Hubert, notamment à propos de son besoin de liberté totale et de l’arme absolue que représente sa voix.
Je mets donc un slow et il ouvre son micro.
« Mademoiselle, si vous êtes seule et que vous vous ennuyez, appelez-moi »

Le premier coup de fil est  plutôt bon enfant. C’est  un tour de chauffe. Il demande à la fille de lui acheter une bouteille de whisky et de venir la lui apporter au studio.
Mais c’est à cause du deuxième que je me retrouve au garde à vous, le lendemain chez le directeur des programmes.

H – Bonsoir Mademoiselle, vous appelez d’où ?
Elle – De Suisse.
H – Vous êtes seule ?
Elle -  Oui.
H – Que faisiez-vous, juste avant que l’on se parle ?
Elle – Je vous écoutais, couchée sur un tapis en poil de chèvre.
H – Comment êtes vous ?
Elle – Je suis brune, grande avec des yeux noirs.
H – Comment êtes-vous habillée ?
Elle – Avec une chemisette et un jean.
H – Et dessous ?
Elle – Rien.
H – Déshabillez-vous.
Elle - ??
H – Allez !
Elle – Ca y est.
H – Vous êtes nue ?
Elle – Oui.
H – Etes-vous belle ?
Elle – On me dit pas mal.
H – Mais vous, vous trouvez–vous  jolie ?
Elle – Ca dépend des jours.
H – Vous avez un petit ami ?
Elle – Oui.
H – Comment s’appelle-t-il ?
Elle  - Daniel.
H – C’est bien avec lui ?
Là, nouvelle irruption dans la cabine du chef d’antenne. Il s’adresse à moi :
« Bon, ça suffit ! Tu trouves pas que vous avez largement dépassé les bornes ? »

H – C’est bien avec lui ?
Elle -  Ah, ah ! Oui, pas mal.
H – Vous vous souvenez de la première fois ?
Le technicien est écroulé de rire sous la console.

Elle – Oui
H – Ca vous a fait mal ?
Elle – Assez.

Nous sommes un samedi soir.
Il est minuit et demie.

Lundi après midi je suis donc au garde à vous dans le bureau de mon chef Michel Brillié.
Evidemment je suis seul. Hubert n’est pas à mes côtés sur le banc des accusés.
Brillié n’a aucun poids contre Hubert et il le sait, alors il se venge sur moi. Il me fait le même reproche que le chef d’antenne samedi. Je devais ne pas me laisser impressionner par l’autorité que semble exercer Hubert, alors que lui non plus, n’ose pas l’affronter. J’aurais dû couper la communication et passer un disque.

Même si je passe un sale quart d’heure, je reste persuadé que beaucoup ont passé, samedi dernier, une bonne soirée à notre écoute ! 
La semaine suivante, je vais voir Hubert, et diplomatiquement, lui expose la situation dans laquelle il m’a mis. Et il me répond :
- T’inquiète Coco, je fais ce que je veux et j’en prends la responsabilité ! . 
Ben me voilà rassuré !
Le technicien arrive et ne trouve pas plus intelligent que d’en remettre une couche : 
- On s’est bien marrés l’autre soir, on recommence ? 
Hubert  (en souriant) – On verra !
Je suis très tendu et j’angoisse pendant toute l’émission. Mais il n’a pas bougé d’une oreille. Soit il a oublié, soit il a eu pitié de moi.

Ce fût ma dernière émission avec Hubert.

Clash entre Indochine et moi



L’écoute accidentelle à la radio, la semaine dernière, d’un morceau du groupe The Clash, a fait remonter en moi  mes vieux démons. Je suis en colère, comme chaque fois que j’entends ce genre de musique et j’ai besoin de me purger. Pardonnez-moi, mais vous allez me servir d’exutoire.
Dès que je commence ce genre de débat, plus j’avance dans mes arguments, plus ça me met hors de moi. C’est presque psychiatrique. Mais la raison principale est dans l’importance que tient la musique dans ma vie.
Une des discussions récurrentes que je n’ai  pas avec mes enfants concerne la musique.
C’est une non-discussion puisqu’ils connaissent par cœur mon point de vue et qu’ils ne tiennent pas à l’entendre pour la énième fois.
Pour eux, je suis un vieux réac,  totalement hermétique à toute nouveauté et j’écoute toujours en boucle la même chose.

Mais qu’entendent–ils par nouveauté ?

Je persiste à affirmer, comme le fait si bien Jean-Pierre Coffe à propos de la nourriture, la musique actuelle, bien souvent « c’est d’la merde ! »
Mon fils me dit souvent que je ne suis pas le chef de la brigade du bon goût !


J’ai souvent remarqué que lorsque je demande à quelqu’un quelle musique aime-t-il profondément, sa réponse peut être un raccourci pour connaître nos relations futures.
Si nous n’avons pas la même sensibilité musicale, il y a de fortes chances pour que nous divergions sur plein d’autres sujets. Je l’ai statistiquement vérifié et ça me fait gagner pas mal de temps.


Mais attention, je me suis aussi rendu compte qu’il y a différentes façons d’écouter de la musique et également différentes façons de la percevoir. Ce n’est pas du tout universel comme on pourrait le croire. 

Par exemple, je ne peux pas écouter de la musique et lire un livre en même temps.
Si je peux le faire, c'est que la musique en question est du "papier peint" (de la musique d'ascenseur).
Quand j’écoute une chanson, j’entends tout l’arrangement.  La rythmique, les contre-chants planqués derrière la voix du chanteur etc. Et je croyais que c’était le cas de tout le monde, puisque la chanson en question comporte toutes ces informations. 
Hé bien j'ai constaté compte qu’il y a beaucoup de daltoniens des oreilles !
Aussi, certains prétendent aimer ce que je déteste, mais comme ils ne l’écoutent pas vraiment avec les bons outils, ils ne sont pas forcement exclus de mon club !
A l’inverse, il m’est arrivé de constater qu’une personne aimait la même musique que moi, mais pas les mêmes passages !!  Ca devient très complexe.

Essayons d’être un peu objectif.
Laissons de côté certains morceaux que l’on écoute parce qu’ils sont liés à un moment particulier de notre vie.
Laissons de côté également la musique de circonstance. Celle sur laquelle on se défoule au cours d’une soirée.



Parlons de la musique que l’on écoute.

Pour moi c'est d'abord et avant tout une mélodie.
Même en musique classique.
Carmen est un opéra  des  « tubes ».
Même les symphonies de Mozart peuvent être sifflées (dans le sens musical du terme).

La preuve, on en fait des sonneries de téléphones portables.





Ensuite la mélodie doit être bien harmonisée.

Je pense que la plupart des "guitareux" qui composent des chansons à la pelle, font exactement l'inverse. Ils grattent des accords, souvent les mêmes, ou pire, des accords issus d'une grille appartenant à des morceaux d'autres artistes qu'ils admirent particulièrement, et essayent de trouver une mélodie adaptée à leur texte.
Pour moi le plus grand compositeur est l'homme de la rue qui marche en sifflotant une mélodie qu'il vient spontanément de composer, comme monsieur Jourdain.
Elle n'est pas dépendante d'une grille d'accords. Elle vient de nulle part.

Ensuite seulement, et avec beaucoup de techniques musicales (car cette partie s'apprend) on harmonise la mélodie avec des accords appropriés.
Puis on rajoute des contre-chants, cela s'appelle l'arrangement.
Ensuite on distribue ces harmonies et contre-chants à différents instruments.
C'est l'orchestration.
L'harmonie, l'arrangement et l'orchestration sont à la musique, ce que la couleur est au dessin.

Dans le morceau des Beatles For No one, vous entendez tout d'abord une très jolie mélodie que vous pouvez chanter a cappella, sans qu'elle en pâtisse (ça dépend comment vous chantez), ensuite vous avez une très jolie orchestration avec notamment une belle descente de Basse et une jolie intervention de Cor.

Une bonne chanson n’est pas toujours accessible dès la première écoute.
Elle vous laisse un petit goût bizarre. Vous la laissez tomber, puis vous la réécoutez 2 ou 3 jours plus tard et là c’est la révélation. A partir de ce moment là, plus vous l’écoutez, plus découvrez des trésors cachés dans son arrangement et plus vous l’aimez.
Au contraire, une chanson « tubesque » qui vous séduits dès la première écoute, vous lassera aussi vite qu’elle vous a accrochée.

D'ailleurs, soyez honnêtes, ne vous est-il pas arrivé d'acheter un album pour une chanson dont vous vous êtes lassés rapidement et, un jour, en réécoutant cet album oublié, vous en découvrez une autre, dont vous étiez complètement passé à côté lors de la première écoute de cet album ?

Voici  2 exemples pour moi, d’une superbe chanson.
Ecoutez bien les arrangements qui évoluent tout au long de sa durée.



 



Revenons à la genèse de cet article : Les Clash.
En entendant ce morceau j’ai immédiatement pensé au groupe Indochine.
Et ce groupe Indochine que j’ai toujours considéré comme des «escrocs», m’ait apparu en plus comme des copieurs

Mais avant ma démonstration je voudrais revenir un peu sur Indochine.
Ne pas être du même avis que des milliers de gens implique-t-il automatiquement que c’est nous qui avons tort ?
La popularité d’un groupe est-elle un gage de qualité ?
Peut on mesurer le talent au nombre de disques vendus ou de spectateurs lors d’un concert ?
Mireille Mathieu à fin 2012 a vendu 20 millions d'albums contre 5 millions 596 386 vendus par Edith Piaf. Est-elle une artiste
5 fois plus grande ? (http://www.infodisc.fr/Artiste_Ventes.php)

Mais qu’est-ce qu’un artiste ?
Pour moi c’est quelqu’un qui vous transmet une telle émotion, qu’il vous fait décoller.
Un bon musicien doit vous étonner musicalement. Il doit vous enrichir, avant de le faire pour lui-même.

Il fût un temps où des profs de guitare décortiquaient des intros de Jimy Hendrix et les faisaient travailler à leurs élèves. Et ceux-ci avaient de grandes chances de devenir de bons guitaristes.

Puis vint le temps de la démocratisation à outrance.
Un jeune s’achetait une guitare, trouvait  2 accords et enregistrait un disque.
Puis progressait peu à peu musicalement.

C’est ce que je pense d’Indochine.
Leurs fans de la première heure connaissaient plus d’accords qu’eux !  

Des années plus tard, certains dénoncent leurs erreurs de jeunesse et renient sur débuts au point de déclarer avoir honte de leur premier disque et d’être incapables de l'écouter. Tiens, comme moi à l’époque !!

Oui, je déteste Indochine et pourtant ils auraient vendu plus de 10 millions d’albums et seraient le premier groupe à avoir rempli Bercy ! 
Ce ne sont ni des chanteurs, ni  des compositeurs, ni des arrangeurs.
Alors pourquoi un tel succès ?






Voici la chanson des Clash – puis l’Aventurier d’Indochine, puis un montage  que j’ai fait en ralentissant l’Aventurier et en le descendant dans la tonalité des Clash pour comparer le plagiat.






Quitte à entendre une pauvre mélodie, prenons au moins la peine de l’enrichir harmoniquement.
Tel est le gage qu’a relevé Antonio Carlos Jobim avec « One note samba » ici interprété par Astrud Gilberto.

 



On va conclure par un beau « dessin » qui, comme chacun le sait, vaut mieux qu’un beau discours.
Je vous propose d’écouter les Inconnus qui avaient déjà tout compris avec « Isabelle a les yeux bleus »




Le plus drôle est que leur 2eme degré fait marrer plein de fans d’Indochine qui ne voient pas l’analogie entre eux et les courtisans de Louis XIV. Eux  aussi  étaient les premiers à rire et à se moquer des personnages des pièces de Molière,  qui pourtant les incarnaient !!